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Stadium Tour (1/10) : Stadion Rajko Mitic, l'enfer du "Marakana".

  • leobocquillon
  • 16 janv. 2024
  • 5 min de lecture

Dans cette série de 10 articles nous allons nous intéresser à des stades mythiques, leurs histoires, ce qui les rends uniques et leurs populations. Pour ce premier épisode direction Belgrade pour parler du Stadion Rajko Mitic plus connu sous le nom de "Marakana" l'antre de l'Etoile Rouge et des Delije.




Histoire du stade:


  • Nom: Rajko Mitic considéré comme la première grande star de l'Etoile Rouge de Belgrade et du football Yougoslave donne son nom au stade en 2014 en même temps que l'inauguration de sa statue devant le virage Ouest. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe à des rencontres avec la NOVJ, le Mouvement Armé de Résistance Yougoslave, dirigé par Tito, aux côtés de joueurs tels que Predrag Đajić et Jovan Jezerkić. Après la libération, il rejoint l'Étoile Rouge de Belgrade en 1945, devenant le premier capitaine. Durant ses quatorze années glorieuses en tant qu'attaquant, parfois ailier, il joue 572 matchs, marque 116 buts (dont 74 en championnat) et remporte cinq titres de champion ainsi que quatre coupes de Yougoslavie. Il prend sa retraite le 29 novembre 1958, à l'âge de 36 ans, laissant derrière lui un impressionnant héritage. En ce qui concerne sa carrière internationale, il débute en 1946 lors d'une victoire 2-0 à Prague contre la Tchécoslovaquie, marquant ainsi le retour de l'équipe nationale après plus de cinq ans d'absence. Il représente la "Plavi" à 59 reprises, arborant le brassard de capitaine lors de 34 de ces matchs et inscrivant 32 buts. Deux fois médaillé d'argent aux Jeux Olympiques, il participe également à deux Coupes du Monde, au Brésil en 1950 et en Suisse en 1954.


Rajko Mitic
  • Historique: Le Stadion Rajko Mitic, anciennement connu sous le nom de Stadion Crvena Zvezda et communément appelé Marakana, a été érigé à l'endroit où se trouvait autrefois l'ancien stade Jugoslavija. Construit à l'origine en 1927, le stade Jugoslavija est devenu le siège de l'Etoile rouge de Belgrade à sa création en 1945. Cependant, en 1959, le stade a été démoli et un nouveau stade a été construit sur ses fondations. Le Stadion Crvena Zvezda a été inauguré le 1er septembre 1963, à l'occasion d'un match entre L'Etoile Rouge et Rijeka (2-1). Initialement, le stade semi-achevé pouvait accueillir environ 74 000 spectateurs, mais il a été entièrement achevé un an plus tard, avec une capacité accrue de 110 000 places. En raison de sa taille, le stade a été comparé au Maracanã de Rio de Janeiro, ce qui lui a valu le surnom de Marakana. Au fil des ans, la capacité du stade a été progressivement réduite, d'abord par des mesures de sécurité, puis par la conversion des places debout en places assises.


  • Une date:  Le 20 juin 1976, au moment de la finale de l'Euro entre la Tchécoslovaquie et L'Allemagne de l'Ouest, le joueur tchécoslovaque Antonin Panenka s'élance face à Sepp Maier durant la séance de tirs au but, le reste appartient à l'Histoire.


Caractéristique du stade:


Si le stade Rajko Mitic est connu à travers le monde c'est pour son tunnel qui mène les joueurs jusqu'à la pelouse. En effet ce tunnel inspire la peur chez les adversaires de l'Etoile Rouge. Ce long couloir exigu et mal éclairé couverts de graffitis à la gloire du club qui passe sous la tribune de la Delije et que les deux équipes traversent accompagnés par la police anti émeute.  "À ce moment, tu vois la peur sur les visages. Au-dessus, il y a la Delije Sever, la tribune des fans qui sont les plus chauds. Quand tu es dans le couloir, tu entends donc tout le bruit et l’ambiance et quand tu sors, ils sont juste à un ou deux mètres de toi. (…) C'est ça qui fait peur aux adversaires", décrit Pavel Ninkov, ancien joueur et capitaine de l'Étoile rouge au magazine SO FOOT.





Population :


Comme mentionné plus haut le Stadion Rajko Mitic est habité par ce qui est peut-être le groupe ultra le plus craint d'Europe : la Delije.

En Ex Yougoslavie, les ultras de l'Étoile Rouge de Belgrade persistent à jouer un rôle crucial dans la vie du club serbe. Souvent étiquetés comme "hooligans nationalistes", ces passionnés sont unis par une identité nationale profonde. Leur influence s'étend au-delà du stade, impliquant des liens avec la mafia, des interférences politiques et des alliances stratégiques, formant ainsi un groupe social complexe.

Dans les années 1980, la tribune nord du Marakana était partagée entre deux grands groupes de supporters. Les "Ultras", caractérisés par des chants mélodieux, des feux d'artifice et des chorégraphies, coexistaient avec les "Diables rouges", qui se démarquaient par une consommation excessive d'alcool et des affrontements acharnés avec les rivaux. Au milieu des années 80, les "Zulu Warriors", un nouveau groupe de supporters, se joint aux deux existants. Une décennie plus tard, les principaux groupes se rassemblent sous un nom commun : les Delije. Traduit en français par "jeunes gens courageux et braves", ils sont souvent associés à une réputation de hooligans nationalistes.





Dans les tribunes du Marakana, nombreux sont les symboles serbes tels que des chants patriotiques ou des drapeaux du pays. Ce sentiment nationaliste que l’on retrouve chez les supporters de l’Étoile Rouge s’explique par des faits historiques, de même que leur réputation d’hooligans. Slobodan Milosevic, président de la république de Serbie en 1989, réclame une fédération de Yougoslavie encore plus centralisée autour de la Serbie. Dans un contexte où la violence des supporters, particulièrement ceux de l'Étoile Rouge, suscitait des inquiétudes, le président serbe Slobodan Milosevic a choisi de nommer Željko Ražnatović plus connu sous le surnom d'Arkan , un criminel recherché par Interpol à l'époque, à la tête des ultras de la Delije. Cette décision visait à contenir l'extrême violence des supporters serbes, par crainte qu'ils ne se retournent contre lui. Milosevic a exploité les méthodes d'Arkan pour pacifier ces groupes ultras incontrôlables et les orienter à son avantage. Sous la direction d'Arkan, les Delije ont adopté une discipline quasi-militaire, instaurant un mode de vie et une structure organisée. Le 13 mai 1990, plus de 3000 membres des Delije investissent la pelouse du Maksimir de Zagreb pour des affrontements. Le bilan officiel révèle 138 blessés et 147 arrestations, entraînant l'annulation du match prévu. Ce qui marque le premier coup d'éclat des Delije.

La Garde d'Arkan a aussi été impliquée dans de nombreuses opérations de nettoyage ethnique, comprenant des actes tels que assassinats, tortures, viols, et pillages de maisons appartenant à des Croates, Bosniens et Musulmans. Leur présence suscitait la terreur dans les Balkans. Estimer le nombre d'hommes ayant servi au sein de la Garde est complexe, avec environ 500 hommes en permanence, mais un total d'environ 8 000 à 10 000 hommes ayant fait partie de la garde à un moment ou à un autre.

Concernant les inimitiés avec les autres clubs, une rivalité se détache. La rivalité originelle entre l'Étoile rouge et le Partizan découle de la situation politique en Ex Yougoslavie. À l'époque, l'Étoile rouge était associée au parti communiste, tandis que le Partizan était le club de l'armée populaire yougoslave. Cette division reflétait les tensions politiques de l'époque au sein de la Yougoslavie. La ville de Belgrade s'embrase lors des "Derbys éternels", comme les appellent les supporters des deux équipes. La rivalité entre les deux clubs de Belgrade perdure tout au long de l'année, marquée par des affrontements fréquents, surtout lors des derbys. De plus, une bataille de graffitis se déroule dans les rues serbes, symbolisant l'intensité de la haine entre les deux clubs.





Les Delije de l'Étoile Rouge de Belgrade incarnent parfaitement la dynamique complexe des Balkans, reflétant à la fois une identité nationale forte et des liens avec des éléments nationalistes. Leur histoire est intimement liée à des périodes tumultueuses, où des figures controversées, telles qu'Arkan, ont été utilisées pour canaliser des tensions politiques au sein du football. Cette symbiose entre les ultras et la politique témoigne des intrications profondes entre le sport, l'identité nationale et les soubresauts politiques dans la région des Balkans.



Semaine prochaine direction Varsovie...

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