top of page

Les athlètes français pris au piège d'un cercle vicieux du sponsoring : quand la FFA met en péril leur avenir

  • leobocquillon
  • 3 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 mars

La Fédération Française d'Athlétisme a décidé de durcir drastiquement ses critères de qualification pour les grandes compétitions internationales, notamment pour les prochains championnats du monde au Japon. Une décision qui, loin de stimuler la performance des athlètes, les place dans une situation périlleuse. Avec des minima inatteignables pour la grande majorité des athlètes français, ces derniers voient leur participation aux grandes compétitions compromises, et avec elle, leurs perspectives de sponsoring et de financement. Une situation d'autant plus alarmante que l'athlétisme français traverse une crise de performance sans précédent.



Jimmy Gressier, égérie KIPRUN marque running de chez Décathlon
Jimmy Gressier, égérie KIPRUN marque running de chez Décathlon

Des minima inaccessibles qui compromettent la carrière des athlètes


Pour espérer participer aux championnats du monde, les athlètes français doivent réaliser des performances extrêmement exigeantes. En marathon, le seuil de qualification (fixé à 2h05'18 pour les hommes et 2h21'13 pour les femmes) est si élevé qu'aucun athlète masculin actuel ne l'a atteint. Ce choix interroge : la fédération cherche-t-elle à envoyer une équipe compétitive ou à réduire drastiquement ses coûts en limitant le nombre d'athlètes qualifiés ?

Ce durcissement place les athlètes dans une impasse. Privés d'opportunités de se mesurer à l'élite mondiale, ils perdent en visibilité, un élément clé pour attirer des sponsors. Or, sans soutien financier, l'entraînement de haut niveau devient un luxe inaccessible. Cette situation empêche non seulement les jeunes talents d'émerger, mais elle fragilise aussi les carrières des athlètes confirmés.


Jimmy Gressier n’a pas mâché ses mots concernant les nouveaux minima imposés par la FFA. Sur RMC, l’athlète français a exprimé sa frustration face à des critères qu’il juge irréalistes et contre-productifs. “On nous demande des chronos que même les meilleurs mondiaux peinent à atteindre, c’est du grand n’importe quoi !” a-t-il lâché, excédé. Le spécialiste du fond et du demi-fond a également dénoncé un manque de soutien de la fédération : “Plutôt que de nous aider à progresser, on nous met des bâtons dans les roues.” Gressier s’inquiète de l’impact de ces décisions sur l’avenir de l’athlétisme français : “À ce rythme, plus personne ne voudra courir sous le maillot bleu.” Des propos forts qui résonnent dans un contexte de crise du sport français.


Le sponsoring sportif, un levier étouffé par l'absence de compétitions majeures


Dans le sport de haut niveau, la performance ne suffit pas : il faut être vu. Les athlètes tirent une grande partie de leurs revenus des contrats de sponsoring, qui sont directement liés à leur exposition médiatique et leur participation à des événements internationaux prestigieux. Les partenaires financiers, qu'il s'agisse d'équipementiers, d'entreprises ou de médias, investissent dans des profils visibles et attractifs.

Mélina Robert-Michon, l'une des rares figures emblématiques de l'athlétisme français à bénéficier d'un soutien régulier, doit sa longévité en partie à ses multiples participations à des championnats du monde et aux Jeux Olympiques. Si elle était aujourd'hui confrontée à des minima inatteignables, sa carrière aurait suivi un tout autre chemin.

Pour un athlète en devenir, l'absence de ces compétitions signifie un manque d'exposition critique. Thibaut Collet, champion de France du saut à la perche avec un bond à 5,82m, enchaîne les bonnes performances nationales. Mais sans scène internationale, comment convaincre un sponsor de le suivre sur le long terme ? Sans soutien financier, comment espérer rivaliser avec les perchistes américains ou suédois qui bénéficient d'un accompagnement et de conditions optimales ?


Une fédération qui se désengage au lieu d'accompagner


Historiquement, le rôle d'une fédération est d'accompagner ses athlètes vers le plus haut niveau, en les aidant à obtenir les ressources nécessaires à leur progression. Mais la FFA, en pleine crise budgétaire avec un déficit de 3 millions d'euros, semble avoir pris le chemin inverse. Elle a drastiquement réduit les aides aux athlètes, qui pouvaient auparavant atteindre 40 000 euros par an.

En se désengageant, la fédération transfère la pression financière sur les épaules des athlètes. Ceux-ci doivent alors multiplier les sollicitations pour trouver des sponsors, parfois au détriment de leur entraînement. La situation devient intenable : moins de compétitions internationales signifie moins de sponsoring, et moins de sponsoring signifie moins de moyens pour performer. Ce cercle vicieux met en péril l'avenir de l'athlétisme français.


Des résultats catastrophiques qui confirment l'impasse


La contre-performance des athlètes français aux derniers Jeux Olympiques est un signal d'alarme. Avec une seule médaille, remportée par Cyréna Samba-Mayela sur 100m haies, l'athlétisme français montre des signes de déclin alarmants. Cette réalité souligne l'importance d'une politique de soutien plus structurée et ambitieuse, loin des mesures restrictives actuellement mises en place.


Si la FFA venait à persister dans cette voie, elle risquerait de faire fuir de nombreux talents et d'accentuer le retard de la France sur la scène internationale. Les pays qui brillent en athlétisme, comme les États-Unis ou la Jamaïque, mettent en place des systèmes de détection et d'accompagnement performants. En France, à l’inverse, on compliquerait la tâche des athlètes au lieu de leur offrir un véritable tremplin.

L'athlétisme français aurait alors besoin d’un changement de cap urgent. La fédération devrait revoir ses critères de qualification et renforcer son soutien aux sportifs. Sans cela, la discipline continuera de s’enfoncer, et les sponsors se détourneront progressivement d’un sport peinant à exister sur la scène internationale. Une perspective aussi dramatique qu’éventuelle si rien n’évolue.

Comentarios


bottom of page