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La NBA est-elle devenue ennuyeuse ? Le sacrifice du Sport au profit de l'entertainment (2/5) : Le QI basket des joueurs est-il en baisse ?

Alors que la ligue reine du basket mondial vient de reprendre ses droits outre atlantique, j'ai comme un sentiment de lassitude envers cette entité qui m'a tellement fait vibrer. J'ai de plus en plus de mal a regarder et à m'intéresser à ce produit qui pourtant n'a jamais été aussi attractif et compétitif. C'est pour ça que j'ai essayé via cette série d'article de comprendre comment la NBA était devenue ennuyeuse.





  1. Moins de jeu placé et plus de liberté aux joueurs est-ce une bonne idée ?


En NBA, les stars bénéficient d’une influence croissante sur l’approche tactique de leur équipe, une tendance qui reflète un changement fondamental dans la dynamique entre les joueurs et les coachs. Autrefois, les entraîneurs étaient les principaux architectes des systèmes offensifs et défensifs, tandis que les joueurs exécutaient leurs plans. Aujourd'hui, cependant, les joueurs, notamment les superstars, ont une marge de manœuvre sans précédent dans la manière dont une équipe fonctionne sur le terrain, et leur poids dans les décisions stratégiques dépasse parfois celui des coachs.


Les superstars, comme LeBron James, Kevin Durant, et Luka Dončić, sont désormais souvent considérées comme des "coachs" sur le terrain. Leur Q.I. basket élevé leur permet non seulement de comprendre les schémas de jeu, mais aussi de les modifier selon leurs préférences en temps réel. Par exemple, LeBron James est réputé pour adapter les systèmes offensifs à sa manière de jouer, souvent en dirigeant lui-même le jeu comme un playmaker. Sous ses ordres, les équipes ont tendance à adopter un système basé sur un espacement maximal du terrain, lui permettant de créer des opportunités pour lui-même ou ses coéquipiers. Il influence également la manière dont les pick-and-rolls sont exécutés, ou encore la façon dont les rotations défensives se produisent.

Les statistiques montrent que des joueurs comme James ou Giannis Antetokounmpo passent plus de 35% de leur temps de possession à diriger des pick-and-rolls en tant que créateurs de jeu, un rôle qui, traditionnellement, était plus dévolu aux entraîneurs pour ajuster les combinaisons en match. Ces stars ont la liberté de prendre des décisions tactiques en pleine action, influençant directement le déroulement des possessions.





Parallèlement, le rôle des coachs s’est quelque peu affaibli, en particulier dans les équipes où les stars dictent le tempo et la direction de jeu. Des entraîneurs comme Tyronn Lue ou Steve Nash ont souvent été choisis en grande partie pour leur capacité à gérer les ego et les personnalités des stars, plutôt que pour leur créativité tactique. Lue, par exemple, lors de son passage avec les Cleveland Cavaliers, a souvent été perçu comme un coach qui s’adaptait aux préférences de LeBron James plutôt que l’inverse. De la même manière, Steve Nash, bien qu’ancien joueur de renom, s’est trouvé à la tête des Brooklyn Nets avec une équipe composée de stars comme Durant, Harden, et Kyrie Irving, qui ont en grande partie influencé la manière dont l’équipe jouait. Ces joueurs ont d'ailleurs publiquement discuté de leurs préférences tactiques, comme la répartition des tirs ou la gestion des minutes.


Cette dynamique n’est pas nouvelle, mais elle est amplifiée aujourd’hui par la capacité des stars à influencer le recrutement. Lorsque les équipes cherchent à recruter ou à prolonger une superstar, elles consultent souvent le joueur sur le choix du coach. Ainsi, des joueurs comme James Harden ont eu un impact direct sur le choix de coachs comme Mike D'Antoni à Houston, où l’attaque était construite autour des qualités d'iso et de pick-and-roll de Harden.

Sur le plan tactique, cela a modifié le jeu à plusieurs niveaux. Les stars peuvent influencer le rythme, les systèmes offensifs et même la composition des line-ups. Par exemple, avec un joueur comme James Harden, l’approche offensive se concentre souvent sur des situations d'iso, où il domine la possession, parfois jusqu’à 15 ou 20 secondes, avant de créer un tir pour lui-même ou un coéquipier. Cette tactique est visible dans ses statistiques d'usage rate, qui dépassent fréquemment les 35% (indiquant qu'il contrôle plus d'un tiers des possessions offensives de son équipe). Cela montre à quel point ces joueurs dominent les choix tactiques.


Le small-ball utilisé par les Golden State Warriors sous Steve Kerr, bien que novateur, s'est aussi adapté aux forces de ses stars. Kerr, lui-même ancien joueur et expert en tactique, a laissé des joueurs comme Stephen Curry et Draymond Green interpréter librement les schémas offensifs, en leur donnant la responsabilité d’exécuter des stratégies complexes en fonction des ajustements défensifs en temps réel. Le "free-flow offense" de Steve Kerr, utilisé principalement avec les Golden State Warriors, est un système offensif basé sur la fluidité, la liberté de mouvement et l'espace. Contrairement aux schémas offensifs rigides, ce style permet aux joueurs de constamment bouger sans ballon, créant des opportunités à travers des coupes, des écrans et des passes rapides. L'objectif est de maximiser les mismatches et les ouvertures tout en favorisant un jeu collectif où chacun peut être une menace offensive. Kerr a combiné des éléments de triangle offense et de small-ball, avec un accent particulier sur les tirs à trois points, en tirant parti des compétences d'élite de shooters comme Stephen Curry et Klay Thompson, tout en exploitant la vision de jeu de Draymond Green. Ce système rend la défense adverse constamment en mouvement, difficile à anticiper, et force à de rapides ajustements défensifs.


Cependant, cette autonomie croissante des stars peut avoir des inconvénients. Le jeu peut parfois devenir trop centré sur l'individualité, avec des équipes dépendant fortement de leurs stars pour prendre des décisions. Cela peut rendre les systèmes tactiques plus prévisibles et moins équilibrés. Lors des playoffs, où les défenses s’adaptent et deviennent plus rigides, ce manque de structure tactique imposée par les coachs peut parfois être un handicap.

En conclusion, les stars NBA ont aujourd’hui une influence sans précédent sur l’approche tactique de leurs équipes, dictant souvent le style de jeu et même le choix des coachs. Si cela a permis à des joueurs au Q.I. basket élevé de s’exprimer pleinement, cela a aussi déplacé le pouvoir des coachs vers les joueurs, redéfinissant le rôle des entraîneurs dans une NBA de plus en plus dominée par les individualités.



  1. Les joueurs actuels sont-ils moins ou plus efficaces ? l'explication via les datas.



Même s’il est souvent difficile et compliqué de comparer les époques, il est intéressant de regarder deux saisons de deux joueurs à des époques différentes.


Une comparaison intéressante à faire est celle entre Steve Nash lors de sa saison MVP 2005-06 et Tyrese Haliburton durant la saison NBA 2022-23. Nash avait une moyenne de 18.8 points et 10.5 assists par match lors de sa saison MVP, tandis qu'Haliburton a une moyenne de 19.1 points et 10.9 assists  cette saison. Les statistiques d'Haliburton se démarquent, car elles semblent meilleures que celles d'un ancien MVP, mais avant de tirer des conclusions, il est nécessaire d'ajuster les statistiques pour prendre en compte les changements dans le style de jeu entre les différentes époques.

Après ajustement, on constate que les moyennes de points et assists de Nash deviennent plus élevées que celles d'Haliburton, bien que les deux restent proches. En creusant davantage, on remarque que l'efficacité au tir de Nash le distingue nettement d'Haliburton. Nash a réalisé une saison 50/40/90 cette année-là (plus de 50% de réussite au tir, plus de 40% à trois points et plus de 90% aux lancers francs) et affichait un true shooting percentage supérieur de 10,3% à la moyenne de la ligue, tandis qu'Haliburton est juste autour de la moyenne dans ce domaine. De plus, Nash dirigeait l'attaque des Suns, qui était la meilleure de la ligue avec une moyenne de 108,6 points par match cette saison-là, en remportant 54 victoires, ce qui a renforcé sa candidature pour le MVP. Bien qu'Haliburton ait été excellent cette saison, cette comparaison nous aide à comprendre ce qui distingue la saison MVP 2005-06 de Steve Nash de ce qu'Haliburton a accompli jusqu'à présent, ce qui est difficile à voir en se basant uniquement sur les statistiques générales.
























La culture des highlights et des replays en NBA, omniprésente sur les réseaux sociaux, présente un danger pour la compréhension réelle du jeu. En se concentrant uniquement sur les actions spectaculaires, comme les dunks ou les tirs à trois points, on passe à côté des aspects fondamentaux du basket, tels que la défense, les passes décisives, et la gestion du tempo. Cette consommation rapide et superficielle simplifie le sport, en donnant l'impression que seuls les exploits individuels comptent. Or, la NBA est un jeu complexe, où les schémas tactiques, les données avancées et les statistiques comme l'efficacité au tir ou le true shooting percentage sont indispensables pour vraiment comprendre la performance d'un joueur ou d'une équipe. Pour une vision plus juste, il est crucial de prendre du recul, d'étudier les stats et d'analyser le contexte, au lieu de se limiter aux moments forts isolés.



  1. L’importance du coaching staff


Le poste de head coach en NBA est devenu de plus en plus volatile, marqué par une pression énorme pour obtenir des résultats immédiats. Les franchises n’hésitent plus à remplacer rapidement leur coach si les performances ne répondent pas aux attentes. En moyenne, la durée de vie d'un head coach en NBA est de 3 à 4 ans, ce qui illustre l'instabilité du poste. Selon des études récentes, moins de 10% des coachs en NBA atteignent une durée de 5 ans ou plus dans la même équipe. Des entraîneurs réputés, comme Frank Vogel, malgré avoir remporté un titre avec les Lakers en 2020, ont été licenciés seulement deux ans plus tard. Cette tendance montre que, même avec des succès passés, la tolérance des équipes à l'échec est très limitée, surtout dans un environnement où la concurrence est féroce et les superstars influencent de plus en plus les décisions.

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