Alors que la ligue reine du basket mondial vient de reprendre ses droits outre atlantique, j'ai comme un sentiment de lassitude envers cette entité qui m'a tellement fait vibrer. J'ai de plus en plus de mal a regarder et à m'intéresser à ce produit qui pourtant n'a jamais été aussi attractif et compétitif. C'est pour ça que j'ai essayé via cette série d'article de comprendre comment la NBA était devenue ennuyeuse.
Le virage de la culture street :
Le grand virage que prend la NBA en terme de style et d’identité s’effectue en 1996 notamment grâce à une cuvée de draft qui marquera la ligue à tout jamais. La draft NBA de 1996 est considérée comme l'une des plus importantes et talentueuses de l'histoire de la ligue, souvent comparée à celles de 1984 et 2003. Elle a marqué un tournant dans la NBA en introduisant plusieurs joueurs qui deviendraient des légendes, transformant leurs équipes et influençant durablement la ligue sur le plan sportif et culturel. Voici pourquoi cette draft est si mémorable.
La draft 1996 est surtout connue pour avoir produit un nombre impressionnant de joueurs All-Star, de futurs Hall of Famers et des champions NBA. Le premier choix, Allen Iverson, a révolutionné le jeu avec son style unique et a influencé une génération de jeunes joueurs. Iverson n'était pas seulement un scoreur prolifique, mais il a aussi bouleversé la culture du basket avec son attitude rebelle, son look et son impact hors du terrain. Allen Iverson a eu un impact culturel immense en NBA, transcendant le basket pour devenir une icône du sport et de la culture populaire. Il a introduit la culture hip-hop dans la ligue, avec son style vestimentaire, ses tatouages et ses cornrows, bouleversant les normes traditionnelles de la NBA. Iverson a été l'un des premiers joueurs à assumer pleinement son identité, inspirant des millions de jeunes à travers le monde à rester fidèles à eux-mêmes. Son attitude rebelle, incarnée par son célèbre "practice rant", symbolisait la lutte contre les conventions établies. Sur le terrain, son style de jeu spectaculaire et son courage, malgré sa petite taille pour un joueur NBA, ont fait de lui un héros pour les outsiders et les joueurs sous-estimés. Iverson a popularisé un jeu rapide et explosif, avec des dribbles foudroyants et des pénétrations au panier, influençant toute une génération de jeunes joueurs. Il a aussi ouvert la voie à des discussions sur l'authenticité et l'expression de soi dans le sport professionnel. Son influence a été si forte que la NBA a introduit un dress code en 2005, largement perçu comme une réponse à son style streetwear. En résumé, Allen Iverson n'a pas seulement changé la façon dont le jeu est joué, mais aussi la manière dont les joueurs sont perçus et représentés, redéfinissant les liens entre la NBA, la mode et la culture urbaine.
Derrière Iverson, plusieurs joueurs d'exception sont sortis de cette cuvée. Kobe Bryant, choisi en 13e position par les Hornets avant d’être échangé aux Lakers, est devenu l'une des plus grandes légendes de la NBA. Avec cinq titres de champion, 18 sélections All-Star et une influence durable sur le jeu, Bryant est souvent considéré comme l'un des plus grands joueurs de tous les temps.
Steve Nash, sélectionné en 15e position, a remporté deux titres de MVP en tant que meneur des Phoenix Suns et a redéfini le rôle du meneur de jeu avec son style fluide et offensif basé sur le pick-and-roll. Sa capacité à distribuer le ballon a contribué à l'essor d'une ère de jeu rapide et axé sur le tir à trois points.
Ray Allen, 5e choix de la draft, est devenu l'un des meilleurs tireurs à trois points de l'histoire de la NBA, remportant deux titres de champion, dont l’un avec un tir décisif en finale en 2013 avec le Miami Heat.
Au-delà des grandes stars, la draft 1996 a produit une classe incroyablement profonde, avec des joueurs de grand impact comme Marcus Camby (2e choix), Antoine Walker, Peja Stojakovic, Jermaine O'Neal, Zydrunas Ilgauskas et Derek Fisher, qui ont tous eu des carrières longues et fructueuses. Beaucoup de ces joueurs sont devenus des piliers de leurs équipes et ont joué un rôle clé dans les compétitions pour le titre.
La draft 1996 a marqué une période de transition pour la NBA. Iverson, Bryant et Nash, notamment, ont tous contribué à élargir l'attrait global de la ligue. Iverson, avec son style de jeu explosif et sa personnalité hors du commun, a bouleversé les codes culturels du basket en introduisant la culture hip-hop dans la NBA. Son impact allait bien au-delà du terrain, influençant la mode, la musique et la perception des joueurs. Kobe Bryant, quant à lui, est devenu une icône mondiale, notamment après le départ de Michael Jordan. Il a contribué à la mondialisation de la NBA, avec des millions de fans à travers le monde, en particulier en Chine, où il était adoré.
Cette classe de 1996 a aussi joué un rôle majeur dans l'évolution du style de jeu en NBA. L’accent mis sur les arrières et les ailiers capables de dominer le jeu avec leur dribble et leur tir a été popularisé par des joueurs comme Iverson et Bryant. Steve Nash, quant à lui, a contribué à l’émergence du jeu rapide et des systèmes axés sur le tir à trois points, une tendance qui domine la NBA moderne.
De nombreux joueurs issus de la draft 1996 ont eu des carrières longues et fructueuses, avec certains jouant jusqu’à leur quarantaine. Le professionnalisme de Kobe Bryant, Ray Allen et Steve Nash, entre autres, a inspiré de nombreux jeunes joueurs à prendre soin de leur corps et à prolonger leur carrière.
En conclusion, la draft NBA de 1996 a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire de la ligue. Par la qualité et la diversité de ses joueurs, cette cuvée a non seulement produit des stars, mais a aussi façonné le style de jeu moderne et renforcé l’influence mondiale de la NBA. Des légendes comme Kobe Bryant et Allen Iverson ont transcendé le basket pour devenir des icônes culturelles, tandis que des joueurs comme Steve Nash ont introduit des révolutions tactiques qui influencent encore le jeu aujourd'hui.
Mais réduire le changement observé en NBA à cette époque à ces seuls joueurs serait réducteur pour un bande de pionnier qui ont dans un quasi anonymat influencé les plus grands. Car quand les grandes stars NBA s’affrontaient sur des parquets bien brillants eux jouaient des coudes sur le bitume New Yorkais et rivalisaient pour savoir qui allait inventer le dribble le plus fantasque ou le dunk le plus spectaculaire.
Le streetball à New York est bien plus qu’un simple dérivé du basketball ; c'est un élément central de la culture urbaine, où les playgrounds servent de scène à une forme pure, libre et créative du jeu. Depuis des décennies, des générations de jeunes joueurs se sont affrontées sur ces terrains emblématiques, créant des légendes locales et influençant le style de jeu mondial.
Parmi les playgrounds les plus célèbres, le Rucker Park, à Harlem, est sans doute le plus légendaire. Il a accueilli des matchs mythiques dès les années 1950, attirant des stars NBA comme Julius "Dr. J" Erving et Wilt Chamberlain, mais aussi des héros locaux qui n’ont jamais joué en NBA. Le West 4th Street Courts, aussi connu sous le nom de "The Cage", à Greenwich Village, est un autre lieu iconique, où les joueurs se battent dans un espace restreint, augmentant l'intensité des matchs. Dyckman Park, à Washington Heights, est un autre terrain clé qui continue de cultiver la tradition du streetball à travers des tournois spectaculaires chaque été.
Le streetball a vu émerger des légendes locales, des joueurs parfois plus réputés dans les rues que dans les ligues professionnelles. Earl "The Goat" Manigault, souvent cité comme le plus grand joueur à n'avoir jamais joué en NBA, est une figure mythique du Rucker Park, connu pour ses capacités athlétiques extraordinaires et ses dunks légendaires. Joe "The Destroyer" Hammond, une autre légende du Rucker, a marqué 50 points en un match contre Julius Erving et a refusé un contrat en NBA, préférant dominer dans les playgrounds. Pee Wee Kirkland, un autre joueur emblématique, était connu pour sa rapidité et son flair, mais aussi pour son parcours de vie mouvementé.
Le style de jeu du streetball à New York est marqué par une créativité et une improvisation constantes. Contrairement au basketball structuré de la NBA, le streetball valorise les mouvements flamboyants, les dribbles spectaculaires et les passes imprévisibles. Le "crossover" dévastateur, popularisé plus tard par des joueurs comme Allen Iverson, trouve ses racines dans les playgrounds new-yorkais. Les dunks, les feintes et les passes aveugles sont non seulement des moyens de gagner, mais aussi de gagner le respect des spectateurs et des adversaires.
Le streetball de New York a profondément influencé la culture du basketball à travers le monde. Des tournois comme l'Entertainer's Basketball Classic (EBC) au Rucker ont attiré des joueurs NBA et des célébrités, brouillant les frontières entre la rue et la ligue professionnelle. Le streetball a aussi influencé la mode, avec l'émergence du style baggy, des chaussures emblématiques comme les Air Jordans, et une attitude rebelle qui a marqué toute une génération.
En résumé, le streetball à New York incarne l’essence de la passion pour le basketball. Il a créé des légendes, des styles de jeu uniques, et a profondément influencé la NBA et la culture populaire, faisant des terrains comme Rucker Park des lieux sacrés pour tout fan de basket. En 2003, lors du légendaire tournoi d'été au Rucker Park, une confrontation épique s'annonçait entre les équipes de Jay-Z et Fat Joe. Jay-Z avait recruté des stars NBA comme LeBron James, Carmelo Anthony, tandis que Fat Joe comptait sur des joueurs de renom comme Stephon Marbury et Al Harrington. Le match, surnommé "The Game of the Century", devait être l'apogée du tournoi. Cependant, une forte pluie a interrompu l'événement, et le match tant attendu n'a jamais eu lieu, laissant les fans frustrés mais créant une aura de légende autour de cette rencontre manquée.
2. 3 point à outrance et redéfinition tactique:
Le tir à 3 points est devenu une arme majeure en NBA au cours des dernières décennies, révolutionnant la façon dont le jeu est joué. Introduit en 1979, le tir à 3 points était initialement un outil tactique utilisé avec parcimonie. Cependant, à partir des années 2010, des équipes comme les Golden State Warriors, menées par des tireurs d'élite tels que Stephen Curry et Klay Thompson, ont popularisé son utilisation systématique. Leurs succès, notamment les titres remportés entre 2015 et 2019, ont prouvé que le tir à 3 points pouvait être une stratégie dominante. Aujourd'hui, presque toutes les équipes utilisent le tir à 3 points comme principal levier offensif, multipliant les tentatives à longue distance pour maximiser les points et espacer le jeu.
Cette transformation a conduit à une augmentation spectaculaire des tentatives de 3 points : dans les années 80, les équipes tentaient environ 5 tirs à 3 points par match, contre 30 à 40 aujourd'hui. Ce changement a rendu le jeu plus rapide et plus spectaculaire, mais il comporte aussi des dérives. D'abord, certains critiques estiment que le tir à 3 points a conduit à une homogénéisation du style de jeu : les systèmes offensifs sont de plus en plus centrés sur les statistiques, réduisant l'importance du jeu intérieur, des mouvements sans ballon et des post-up. Les pivot « classiques », autrefois dominants, sont de moins en moins utilisés, à moins qu'ils puissent aussi tirer de loin.
Ensuite, cette surutilisation a parfois rendu le jeu plus prévisible, avec des séquences offensives répétitives basées sur les pick-and-rolls et les tirs en périphérie. De plus, en concentrant l'attention sur l'efficacité statistique, le spectacle physique du basket, avec les batailles au rebond ou les dunks puissants, a perdu de l'importance. Enfin, l'accent excessif sur les tirs à longue distance peut provoquer des matchs déséquilibrés, où une équipe en "feu" derrière la ligne prend une avance insurmontable.
En somme, si le tir à 3 points a apporté une nouvelle dimension stratégique et spectaculaire à la NBA, son omniprésence risque de dénaturer certains aspects fondamentaux du jeu.
Stephen Curry a profondément transformé, voire "cassé", le jeu en NBA avec son utilisation révolutionnaire du tir à 3 points. Dès son arrivée avec les Golden State Warriors, Curry a repoussé les limites du tir longue distance, non seulement par son adresse, mais aussi par ses prises de tir à des distances inimaginables pour les standards de l’époque. Là où la ligne à 3 points était autrefois utilisée de manière stratégique et mesurée, Curry en a fait une arme principale, capable de créer des séquences offensives dévastatrices en très peu de temps.
Son style de jeu a complètement redéfini la géométrie du terrain. En s’éloignant souvent à plusieurs mètres derrière la ligne des 3 points, il a forcé les défenses adverses à s'étendre bien au-delà de la zone traditionnelle. Les "pull-up 3s" en transition, autrefois jugés comme des mauvais choix de tir, sont devenus des actions courantes et souvent dévastatrices sous son influence. Curry a montré que l’efficacité à longue distance pouvait rivaliser avec celle des attaques près du panier, provoquant une transformation massive de la stratégie offensive en NBA.
Sous son impulsion, les équipes se sont massivement adaptées, cherchant à recruter des joueurs capables de tirer à 3 points et à ajuster leurs systèmes pour maximiser ces tirs. Cela a conduit à une explosion du volume de tirs à 3 points dans toute la ligue, rendant obsolètes certaines tactiques autrefois dominantes comme le jeu en post-up et réduisant l’impact des pivots traditionnels.
Cependant, en "cassant" le jeu avec cette approche, Curry a aussi mis en lumière les limites de cette dépendance. Le jeu a gagné en rapidité et en spectacle, mais a aussi perdu une partie de sa diversité tactique. En somme, Stephen Curry a redéfini les règles non écrites du basket moderne, révolutionnant l’approche offensive de la NBA, mais laissant aussi certaines questions sur l'équilibre du jeu à l'ère du tir à 3 points
Mais Stephen curry n’est pas le seul responsable de cette transformation du jeu, certains coachs visionnaire avaient déjà expérimenté une nouvelle forme de basket-ball.
Les coachs Mike D'Antoni et Don Nelson ont été des pionniers dans l'évolution du basketball moderne, notamment avec leurs idées novatrices qui ont influencé le style de jeu actuel en NBA. Leurs concepts avant-gardistes, basés sur l'offensive rapide, l'utilisation des joueurs polyvalents et l'accent mis sur le tir à 3 points, ont façonné le basketball que nous voyons aujourd'hui.
Don Nelson: Le pionnier du "small ball"
Don Nelson, surnommé "Nellie", est l'un des premiers à avoir expérimenté avec ce qu'on appelle aujourd'hui le "small ball", une stratégie qui favorise les joueurs plus petits, rapides et polyvalents, au détriment des grands pivots traditionnels. Nelson, notamment lors de ses années avec les Golden State Warriors et les Dallas Mavericks, a mis l'accent sur la polyvalence et la mobilité. Il a souvent utilisé des joueurs capables de jouer à plusieurs postes, brouillant les rôles traditionnels. Par exemple, il a placé des joueurs plus petits, comme Chris Mullin, à des positions de forward pour étirer les défenses adverses, et a souvent utilisé des shooters sur toute la ligne de front, forçant les équipes à s'adapter à un jeu plus rapide et espacé.
Nelson a aussi redéfini l'importance du tir à 3 points. Il croyait que si une équipe pouvait réussir plus de tirs longue distance que l’adversaire, elle pourrait compenser l'absence de domination physique à l'intérieur. En mettant moins l'accent sur les pivots en post-up, il a contribué à faire évoluer le rôle des intérieurs modernes, qui devaient devenir capables de tirer de loin ou d'aider à la création offensive.
Mike D'Antoni : Le créateur du "7 seconds or less"
L'approche de Mike D'Antoni avec les Phoenix Suns au milieu des années 2000 a révolutionné la NBA avec sa fameuse stratégie "7 seconds or less". Son système, centré autour du meneur de jeu Steve Nash, visait à prendre des tirs dans les 7 premières secondes de la possession. Cela s'appuyait sur une attaque rapide, l’utilisation de pick-and-rolls fréquents, et un espacement maximal sur le terrain pour ouvrir des lignes de passes et de tir. D'Antoni a radicalisé l'idée que l'attaque est la meilleure défense, en créant un rythme effréné que peu d'équipes pouvaient suivre.
Sa philosophie a également mis en lumière l'importance des shooters sur toutes les positions, avec des joueurs comme Shawn Marion et Amar'e Stoudemire jouant des rôles clés dans des espaces ouverts, tirant ou finissant des actions rapides. L'accent sur le spacing et l'usage intensif des pick-and-rolls est aujourd'hui au cœur de la plupart des systèmes offensifs en NBA. D'Antoni a aussi permis d'imaginer des postes hybrides, comme celui de Stoudemire, un intérieur capable de courir et de finir rapidement les actions dans un espace élargi, préfigurant le développement des intérieurs modernes comme Giannis Antetokounmpo.
Ces deux coachs ont joué un rôle essentiel dans la transition de la NBA vers un jeu axé sur la vitesse, le tir à 3 points, et la polyvalence des joueurs. Aujourd'hui, l'usage du small ball est devenu courant, avec des équipes comme les Golden State Warriors de Steve Kerr qui ont poussé cette idée à l'extrême, utilisant souvent des alignements sans véritable pivot. Les tirs à 3 points sont maintenant un élément central de toutes les équipes, avec un volume et une efficacité bien plus élevés qu'à l'époque de Nelson ou D’Antoni. Leurs idées sur l'importance du rythme, de la fluidité des positions, et de l'optimisation des tirs longue distance ont redéfini les standards de l'offensive en NBA.
En résumé, Don Nelson et Mike D'Antoni ont anticipé le jeu moderne, brisant les paradigmes traditionnels pour ouvrir la voie à une NBA plus rapide, plus libre et plus axée sur l'efficacité offensive.
3. « Pace » et rythme :
La Pace en NBA fait référence à la vitesse à laquelle une équipe joue, mesurée par le nombre de possessions qu'elle obtient en moyenne sur un match de 48 minutes. Plus une équipe joue rapidement, plus sa Pace sera élevé. Cet indicateur est essentiel pour comprendre le style de jeu d'une équipe. Les équipes avec une Pace élevée cherchent à accélérer le jeu, multipliant les transitions rapides et les tirs en début de possession. Ce style favorise souvent un grand nombre de points marqués, mais peut aussi entraîner plus de turnovers. À l'inverse, une équipe avec une Pace plus lente privilégie des possessions plus longues, une meilleure gestion du tempo, et une plus grande patience dans la construction des actions offensives. La Pace est un indicateur clé pour évaluer non seulement la rapidité d'une équipe, mais aussi sa stratégie offensive et défensive.
Dans les années 1970, la Pace était extrêmement élevé, principalement en raison d'un jeu désordonné et d'une réaction excessive à l'introduction du chronomètre des 24 secondes en 1954. Beaucoup d’équipes prenaient des tirs très tôt dans la possession, souvent avant que le chronomètre atteigne 24 secondes. À mesure que le jeu est devenu plus structuré, le rythme a naturellement diminué, jusqu'à atteindre la fin des années 1990 et le début des années 2000, une période surnommée l'ère des "dead-ball". Ce moment se caractérisait par une défense très physique et un jeu offensif basé sur des actions lentes et laborieuses. On voyait beaucoup de situations d’isolation, où les équipes cherchaient à exploiter des duels en un-contre-un. L'une des raisons à cela était les règles de défense illégale, qui obligeaient les défenseurs à rester proches du joueur qu'ils marquaient, rendant les défenses de zone impossibles et limitant les aides défensives. En conséquence, les matchs étaient souvent très faibles en points en raison du rythme lent et du jeu physique.
En 2001, les règles sur la défense illégale ont été abolies et remplacées par la règle des trois secondes défensives, empêchant les défenseurs de rester dans la raquette sans marquer un joueur. De plus, le temps imparti aux équipes pour passer la ligne médiane a été réduit de 10 à 8 secondes, encourageant ainsi les défenses à exercer une pression plus agressive sur l’adversaire dans leur propre camp, ce qui a stimulé les actions en transition et accéléré le rythme du jeu. En 2005, l’interdiction du hand-checking (utilisation des mains par les défenseurs pour gêner les attaquants) a été strictement appliquée, réduisant le niveau de contact physique autorisé en défense. Cela a permis aux attaquants de bénéficier de plus d'espace pour s'exprimer, augmentant ainsi la production offensive. Enfin, lors de la saison 2018-2019, on a observé une nette augmentation du rythme, notamment en raison d'une nouvelle règle : lorsque l’équipe attaquante récupère un rebond offensif, le chronomètre des 24 secondes est ramené à 14 secondes au lieu de 24. Cela oblige les équipes à agir plus rapidement après un rebond offensif, accélérant ainsi le jeu.
De nombreuses changements de règles, depuis l'introduction de la ligne à trois points, ont été mises en place pour favoriser des matchs avec plus de points et un rythme plus rapide, dans le but d’attirer un plus large public en rendant le jeu plus divertissant. Ainsi, l'évolution du jeu que l’on observe aujourd'hui n'est pas une surprise. Bien que les joueurs deviennent indéniablement de plus en plus talentueux avec l’évolution du sport, le rythme de jeu est un facteur clé expliquant pourquoi de nombreux records historiques de la NBA sont constamment battus dans le basket moderne.
4. Médias et supporteurisme:
Les médias et les réseaux sociaux ont radicalement transformé notre façon de consommer la NBA, en mettant l'accent sur le spectacle visuel et la rapidité de l'information. À travers des plateformes comme Instagram, Twitter, YouTube, et TikTok, les fans accèdent à des highlights en quelques secondes, réduisant souvent l'appréciation d'un match complet à une série de moments spectaculaires. Les dunks, les tirs à 3 points longue distance ou les crossovers impressionnants dominent ces contenus courts, éclipsant les aspects plus subtils du jeu, comme les schémas défensifs, les passes décisives ou le jeu collectif. Cette focalisation sur les moments forts modifie la perception des joueurs et des équipes. Les joueurs capables de produire des actions éclatantes, comme LeBron James, Stephen Curry, ou Zion Williamson, sont souvent plus visibles sur les réseaux sociaux que des joueurs plus techniques ou défensifs. Cela crée une image biaisée, où le succès semble se résumer à l'exploit individuel, au détriment des éléments plus fondamentaux et tactiques du jeu. Les médias, eux aussi, amplifient cette tendance. Les émissions de télévision, les podcasts et les sites spécialisés parlent souvent des mêmes actions spectaculaires vues sur les réseaux sociaux, renforçant ainsi l'idée que ce sont ces moments qui définissent le match. En conséquence, les joueurs moins flashy mais tout aussi essentiels, comme les défenseurs d’élite ou les distributeurs de jeu, reçoivent moins de couverture médiatique. Cela influence également la manière dont les fans jugent les joueurs et les équipes. Un joueur ayant enchaîné des actions spectaculaires dans les highlights peut être perçu comme plus performant qu'un autre qui a été plus efficace dans l'ensemble du match, mais moins spectaculaire. Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent également ce biais, en mettant en avant ce type de contenu, créant ainsi une boucle d’amplification.
En somme, la consommation de la NBA via les médias et les réseaux sociaux réduit souvent le jeu à ses moments les plus éclatants, influençant notre perception des performances et simplifiant un sport pourtant riche et complexe.
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